Le pardon de Saint-Jean
Vers la moitié du 20è siècle, le pardon de Saint-Jean débutait le 23 Juin en fin d'après-midi, par des vêpres suivies du Tantad (feu de joie) .
Le 24 Juin, (jour férié pour la paroisse de Plouvien), les "pardonneurs" quittaient l'église paroissiale, à pied et en procession pour se rendre à Saint-Jean (2km) portant croix, bannières et reliques pour assister à la grand messe. L'après-midi, les vêpres chantées, la procession repartait vers l'église paroissiale mais sur le site, la fête continuait par divers jeux et les achats dans les boutiques (jeux pour les enfants, fraises, cerises, groseilles...)
Le pardon était aussi l'occasion pour les familles dispersées durant l'année de se retrouver pour les cérémonies mais aussi de se rassembler autour d'un repas de fête.
Le pardon de Saint-Jean actuellement
Depuis quelques années, le pardon se célèbre le dernier samedi de Juin vers 18h30.
Après la bénédiction de l'eau près de la fontaine, puis la célébration de la messe et le chant du traditionnel cantique breton "Saint-Yann" ce sont les retrouvailles autour du verre de l'amitié tout en admirant les danses bretonnes. Puis sous chapiteau on se restaure et lorsque apparaissent les premières étoiles dans le ciel, les "JEAN" de l'assemblée allument le tandad au son du biniou.

Préparation de la bénédiction de l'eau puisée dans la fontaine

Messe de la Saint-Jean 2021

Vente des fraises
Autour du pardon...à Plouvien et ailleurs
Les pratiques sont nombreuses. On a déjà évoqué le tantad, les herbes de la Saint-Jean, L'eau de la fontaine.
Un grand moment aussi était la PROCESSION : croix et bannières venaient de l'église paroissiale, et parfois des paroisses voisines. Lorsque deux processions se rencontraient, les bannières et les croix s'inclinaient ("s'embrassaient !") les unes devant les autres en signe de salut.
D'autres rites s'accomplissaient parfois, par exemple :
- La prière dite tournant autour de la chapelle, parfois sur les genoux : le "rites des trois tours" que tout pèlerin se devait d'accomplir sous peine de ne pas faire régulièrement son pèlerinage (trois tours rappelant la sainte Trinité ).
Dans certains endroits, on faisait non pas trois tours mais neuf.
- L'offrande des cierges allumés devant la statue du saint vénéré.
- La marche pour gagner le sanctuaire, par des petits chemins souvent marqués par la présence de croix.
Enfin, un pardon c'étaient les VÊPRES l'après-midi, chantées en latin, sur le grand ton "an ton braz". La fête religieuse se terminait souvent par un sermon suivi du "salut du saint - Sacrement" et d'une Bénédiction.
- Le pardon était aussi la fête du quartier (ou de la paroisse). C'est une tradition très anciennes avec jeux divers...Dans certains endroits, on appelait cela "reuz ar pardoun". Cette fête profane a pris parfois le pas sur la célébration religieuse.
A Plouvien, il existait encore une autre coutume, pour le moins curieuse : ce jour - là, on faisait une quête, et à chaque offrande, on coupait un morceau de mèche : tous les morceaux étaient ensuite brûlés et on priait pour le repos de l'âme des morts.
Si la fête religieuse de Saint-Jean-Balanant commençait tôt dans la nuit ( les messes se disaient à 3 heures la nuit), la fête profane battait son plein après les vêpres. Certes, dès le matin les boutiques s'installaient dans le placitre : boissons, fruits (au pardon de Saint- Jean apparaissaient les premières fraises, les groseilles...). Mais c'est après les vêpres que les jeux de boules et de quilles allaient bon train. "Il y avait parfois jusqu'à dix jeux de quilles !"
Le soir on retournait chez soi en emportant souvent quelque chose pour ceux qui n'avaient pas pu venir : "lodig ar pardoun".


Le Feu de la Saint-Jean
Celui qui traverse aujourd'hui le Finistère, au soir du 23 juin, est bien loin d'imaginer que c'était l'une des dates les plus importantes du calendrier il y a quelque dizaines années.
Certes depuis quelques années, on assiste à un renouveau des tantad. Il faut admettre cependant que les feux d'aujourd'hui n'ont plus qu'un lointain rapport avec ceux décrits par les "anciens". D'abord, beaucoup ont disparu, car autrefois chaque village se devait d'allumer son feu...et à la tombée de la nuit, on voyait toute la campagne s'illuminer.
L'emplacement du tantad n'était pas indifférent : il se devait d'être un lieu de rassemblement : carrefour, aire à battre...et être visible de loin, d'où le choix des hauteurs. Il fallait aussi bâtir le bûcher de façon à obtenir une flamme qui s'élève le plus haut possible.
Puis, il y avait le "cérémonial" du tantad lui - même. Les pratiques autour du feu étaient d'ailleurs nombreuses et variaient suivant les lieux :
- Allumage par un Jean, ou par l'aîné du village
- Tours autour du brasier : en silence ou en récitant "les grâces". Le nombre de tours était variable : 3 ou 9
- Sauts par-dessus le feu, quand la hauteur du feu avait baissé
- Balancements des jeunes filles au-dessus du feu : "ober nao"
- Prélèvement d'un tison qui va préserver la maison au retour ou purifier l'eau du puits dans lequel on le jette.
- Herbes de la Saint-Jean : louzaouenn an tantad, louzaouenn sant Yann.
C'est une plante grasse, le plus souvent de l'orpin, quelques fois le nombril de Vénus (Krampouez mouzig). Chauffées à la flamme du bûcher, ou frappées sur les braises, elles sont ensuite frottées sur les paupières qui s'en trouvent noircies.
- Faire vibrer des joncs au-dessus d'un chaudron (faire "corner" le chaudron).
" Un chaudron était posé sur son trépied. On y versait un peu d'eau. On y jetait des pièces de monnaie ou des clés. Une personne maintenait un, deux, ou plusieurs joncs en contact avec les bords du récipient. Et suivant le nombre de joncs, d'autres personnes exerçaient sur la tige, avec les doigts, un mouvement similaire à celui que l'on fait pour traire les vaches. Le chaudron entrait en résonance, et le son s'entendait, par temps calme, sur plusieurs kilomètres. L'eau servait à humecter les mains, les pièces et les clés amplifiaient les vibrations".
